Cher Camarade,
Bien reçu votre courrier du 5 Janvier (2008). Votre démarche
ravive d'anciens souvenirs mais elle me touche et m'honore.
Aujourd'hui encore je reste très étonné que le chant "La
Prière"si sommairement improvisé soit aussi ancré dans
les traditions de notre École.
Voici la fin de la
lettre que Bernachot a bien voulu écrire au sujet de cette
création:
(le début de cette lettre résume ce qui a été vu
sur la page de ce site Histoire de la Bourgin).
Sur le plan traditionnel , bien sur, c'est le néant.
Rien n'est prévu à
part une remise de drapeau de l'Ecole programmée pour la fin du
1°
trimestre.
Un soir, dans la chambre, devant quelques camarades
je me suis mis à fredonner
sur l'air de "Marengo" (marche consulaire) les quelques paroles
du superbe poème de Zirnheld (qui
avait été déjà adopté par
les parachutistes comme leur prière) dont je me souvenais
pour l’avoir lu quelque part à la Brigade des Parachutistes
Coloniaux.
Cet arrangement totalement improvisé (je ne disposais ni du
texte de cette prière, ni de la musique de Marengo) me semblait
spontanément illustrer nos états d'âme perturbés
par :
La perte des traditions napoléoniennes de Saint-Cyr (illustré par
cette musique de la marche de Marengo)
L’esprit para si injustement décrié en raison
des événements d’Algérie (illustré par
cette prière de Zirnheld). Les quelques camarades de
chambrée qui
m'écoutaient sont
séduits par cette
improvisation. Ils se décident à l'écrire en
l'état pour
la proposer au commandement comme premier chant de tradition.
Le Chef de Bataillon VERGUET qui commandait l'E.M.I.A. nous reçoit
le lendemain dans son bureau. Officier parachutiste glorieux du 1° R.E.P.
il est enthousiasmé
par ce chant qu'il écoute avec une réelle émotion
...c'était parti: ce
chant sera dès lors interprété à toutes les
occasions qui en offriront l'opportunité. A partir d'une bande magnétique
d'un vieux magnétophone
je procède à la réalisation d'un petit disque (vous
en trouverez ci-joint la pochette).
En Juillet 1962 je me rendais à Paris chez Madame la Maréchale
de Lattre de Tassigny pour obtenir une dédicace....
Cependant, je crois pouvoir affirmer que cette prière s'intégrera
vraiment dans les traditions de l'E.M.I.A. que quelques semaines plus tard
lorsque
à l'occasion de la grande cérémonie nocturne organisée
pour la remise de nos épaulettes de Sous-Lieutenant, ce chant sera
interprété sur le Marchfeld
par toute la promotion et magistralement accompagné par la centaine
de musiciens de la Musique des Troupes de Marine.
Ce fut sans aucun doute un grand moment.
Voilà mon cher camarade, l'essentiel de ce que je crois pouvoir
raconter sur la création de cette prière. Encore une fois
merci de m'avoir donné
l'occasion de le faire.
Bien cordialement à vous.
Signé Christian Bernachot.
Voilà donc l’histoire de la prière de l’E.M.I.A.
dont la création est née d’un sentiment d’injustice
et de révolte mais qui a été effacé par
la beauté par la grandeur d’âme qui se dégagent
de cette composition. |